Cancer de la gorge : allez-y mollo sur les rapports bucco-génitaux

Bien que la majorité des cancers soient associés à notre mode de vie, certaines tumeurs ont des origines virales. En plus d’être responsable du cancer du col de l’utérus, le virus du papillome humain (HPV) peut aussi infecter les cellules de la gorge et causer le cancer de l’oropharynx. Coup d’œil sur un cancer d’origine virale peu connu, mais dont l’incidence est en forte progression.

Le virus du papillome humain (HPV) est responsable de 5 % de tous les cancers diagnostiqués chaque année dans le monde. Transmissible sexuellement, ce virus peut infecter et causer le cancer des organes génitaux (pénis, vulve, vagin), mais c’est le col de l’utérus qui demeure le site d’infection privilégié du virus et le plus couramment associé au développement du cancer. Plusieurs dizaines de VPH différents existent, les plus dangereux étant les variantes VPH 16 et VPH 18 qui sont responsables de la grande majorité de tous les cancers du col de l’utérus.

La plupart des femmes seront infectées par l’un ou l’autre de ces virus au cours de leur vie, mais le système immunitaire réussira dans la plupart des cas à les neutraliser et à empêcher le développement d’un cancer. Lorsque cette défense échoue, par contre, le virus produit deux protéines (appelées E6 et E7) qui abolissent la fonction de suppresseurs de tumeurs importants (p53 et Rb) et entraînent la prolifération incontrôlée des cellules. Une approche préventive demeure donc la clé pour combattre ce cancer, et le dépistage du cancer du col de l’utérus par des tests, suivis d’une colposcopie ou d’une biopsie pour les patientes qui présentent des lésions précancéreuses, a permis de réduire considérablement l’incidence de ce cancer au cours des dernières années, en particulier en Occident.

70 % des cancers de la gorge sont causés par le virus HPV

Le combat contre le HPV est cependant loin d’être gagné, car la baisse significative des cancers du col de l’utérus a été contrebalancée par une hausse inquiétante de certains cancers de la tête et du cou causés par ce virus. Par exemple, le cancer de l’oropharynx, qui touche la portion de la gorge derrière la bouche, incluant la base de la langue, le palais mou et les amygdales, est 15 fois plus fréquent chez les personnes qui sont infectées par le HPV.

Historiquement, ce cancer était une conséquence du tabac, d’une consommation excessive d’alcool ou d’une combinaison de ces deux facteurs, mais avec la diminution du tabagisme qui s’est produite au cours des dernières années, c’est l’infection par le HPV qui est désormais le principal facteur de risque du cancer de l’oropharynx. On estime que plus de 70 % des cas actuels de ces cancers sont causés par ce virus, une proportion qui pourrait même atteindre 90 % au cours des prochaines décennies. Si la tendance se maintient, les spécialistes prévoient même que le nombre de cancers de l’oropharynx causés par le HPV surpassera les cancers du col de l’utérus dès 2020.

Transmission par des rapports bucco-génitaux avec beaucoup de partenaires

La hausse d’incidence des cancers de l’oropharynx causés par le HPV est probablement une conséquence de changements dans les pratiques sexuelles, puisqu’elle est fortement associée à la pratique de contacts bucco-génitaux avec un grand nombre de
partenaires. En ce sens, des études récentes indiquent qu’aux Etats-Unis, 7 % des adolescents et adultes américains ont déjà le virus présent dans leurs bouches et pourraient du même coup permettre sa transmission au cours de ces rapports.

La prévention restant la seule arme efficace contre ce type de cancer provoqué par un virus sexuellement transmissible, mieux vaut limiter autant que possible le nombre de partenaires et utiliser un préservatif au cours des rapports demeurent les meilleures façons de réduire la probabilité de contracter le HPV ou de le transmettre à son partenaire.

Source

Chaturvedi AK et coll. Human papillomavirus and rising oropharyngeal cancer incidence in the United States. J Clin Oncol. 29: 4294- 301.

Gillison ML et coll. Prevalence of oral HPV infection in the United States. JAMA ; 307: 693-703.