Le microbiote intestinal : le secret de la santé du coeur

Au cours des dernières années, le microbiote intestinal s’est de plus en plus imposé comme un élément central du maintien d’une bonne santé et de prévention des maladies inflammatoires, neurologiques et du cœur. En effet, certaines molécules contenues dans la viande rouge sont transformées par les bactéries intestinales en TMAO, une substance qui augmente le risque de maladies du cœur. Une étude récente suggère toutefois que l’adoption d’une alimentation de type méditerranéen pourrait bloquer cette transformation et ainsi diminuer le risque d’infarctus et d’AVC.

Il est maintenant clairement établi que la consommation élevée de produits animaux, en particulier les viandes rouges, est associée à une hausse substantielle du risque de maladies du cœur comme l’infarctus ou l’AVC. Même si on a déjà pensé que ce lien était dû au contenu élevé de ces aliments en gras saturés, on sait maintenant que l’impact négatif de ces gras est relativement faible et que d’autres facteurs associés à la consommation de viandes sont en cause.

Des études ont montré que les centaines de milliards de bactéries qui peuplent notre système digestif, que l’on appelle le microbiote intestinal, jouent un rôle important dans cette hausse du risque de maladies du cœur. Ces bactéries métabolisent certaines molécules contenues dans les aliments d’origine animale (phosphatidylcholine, choline et carnitine) pour obtenir les atomes de carbone nécessaires à leur survie. Malheureusement pour nous, ce métabolisme génère en parallèle la triéthylamine (TMA), un «déchet» métabolique qui est acheminé vers le foie où il est transformé en TMA N-oxide (TMAO).

Un risque de maladies cardio-vasculaires deux fois plus élevé

Plusieurs études indiquent que le TMAO pourrait être le grand responsable de la hausse des maladies du cœur causée par les aliments d’origine animale. Par exemple, une étude récente a montré que la production de TMAO par le microbiote intestinal augmentait la réactivité des plaquettes sanguines et le potentiel de formation de caillots sanguins. Ainsi, des niveaux élevés de TMAO dans le sang sont associés à un risque presque deux fois plus élevé d’infarctus ou d’AVC dans les trois années qui suivent.

Ce n’est donc pas un hasard si les végétariens sont moins à risque d’être touchés par les maladies du cœur que les carnivores: en ne mangeant pas de viande, leurs bactéries intestinales ne génèrent pas de TMAO, ce qui épargne le système cardiovasculaire.

Vin rouge et huile d’olive: le régime méditerranéen protège le coeur

Sans nécessairement inciter à devenir végétarien, une étude récente indique qu’il serait aussi possible de bloquer la formation de TMAO en interférant directement avec le métabolisme des bactéries. Une équipe de scientifiques en Californie (UCLA) a en effet montré qu’une molécule possédant une structure analogue à la choline, le 3,3-dimethyl-1-butanol (DMB), agissait comme un inhibiteur très puissant de la production de TMAO par différentes souches de bactéries. Le potentiel thérapeutique de cette molécule semble élevé, car elle bloque la formation de lésions d’athérosclérose, sans toxicité.

Le plus important pour nous est que nous pouvons profiter dès maintenant de cet effet positif du DMB: cette substance naturelle est retrouvée en quantités appréciables dans certains aliments comme le vin rouge et l’huile d’olive, deux piliers du régime méditerranéen qui ont été à maintes reprises associés à une réduction importante du risque de maladies du cœur.

Le microbiote intestinal, une piste d’avenir pour protéger le coeur

En plus de l’impact positif du régime méditerranéen sur les niveaux de cholestérol-HDL et sur l’inflammation, il est donc possible que la protection cardio-vasculaire offerte par ce mode d’alimentation fasse aussi intervenir une réduction de la production de TMAO par les bactéries intestinales. La possibilité de s’attaquer aux pathologies cardio-vasculaires en ciblant ces bactéries pourrait donc représenter une stratégie d’avenir pour le traitement de ces maladies.

Source

  • Micha R. et coll. Red and processed meat consumption and risk of incident coronary heart disease, stroke, and diabetes mellitus: a systematic review and meta-analysis. Circulation; 121: 2271-83.
  • Zhu W et coll. Gut microbial metabolite TMAO enhances platelet hyperreactivity and thrombosis risk. Cell 2016; 165: 1-14.
  • Wang Z et coll. Non-lethal inhibition of gut microbial trimethylamine production for the treatment of atherosclerosis. Cell 2015; 163: 1585-95.
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