Bain de forêt : quand les arbres améliorent la santé

13, diminue le taux de glycémie ainsi que les marqueurs du stress, augmente le système immunitaire et aide à mieux dormir. Tous ces bénéfices ont été mesurés scientifiquement par un médecin de l’université de Tokyo, épris de nature, le Dr Qing Li. Il explique tout dans un livre qui vient de paraître  « Shinrin Yoku, l’art et la science du bain de forêt ».

L’homme est en passe de devenir une espèce urbaine. Selon les chiffres de l’ONU, la population urbaine mondiale est passée de 746 millions en 1950 à 3,9 milliards en 2014. En 2050, 75% des 9 milliards d’individus qui peupleront la planète vivront en ville. De plus, nos modes de vies contribuent à faire de nous une espèce d’intérieur, les européens passent 90% de leur temps dans des espaces clos : chambre, salon, bureau, voiture, transports en commun, cinéma, etc.

Cette façon de vivre, loin du contact de la nature, est propice au stress, aux troubles du sommeil et de l’humeur et plus généralement aux dérèglements des grands cycles naturels de l’organisme qui aident à réguler notre santé.

La ville de Tokyo, Japon, est la ville la plus peuplée au monde avec 13,5 millions d’habitants et une densité de population de 6158 habitants au kilomètre carré, contre 2844 pour Paris par exemple. La surdensité de population, les longs trajets des banlieusards pour se rendre à leur travail, l’épuisement par le stress et l’activité quasi-exclusive consistant à rester toute la journée devant un écran font que les Tokyoites subissent de plein fouet le phénomène de burn-out, d’épuisement au travail, de dépression et d’addiction aux écrans.

D’abord entrer au contact  de la forêt avec ses 5 sens

C’est l’une des raisons qui ont poussé le Dr Qing Li, médecin immunologiste au département d’hygiène et de santé publique à l’université de médecine de Tokyo, à se pencher sur les bienfaits d’une ancienne pratique apparemment anodine : la marche dans la forêt. Ou plutôt : le bain de forêt, qui consiste à se baigner dans l’atmosphère de la forêt, s’imprégner de la forêt par l’intermédiaire des 5 sens. En respirant les odeurs, de la terre, des essences d’arbres, on regardant la couleur des feuilles, du sol, des troncs et branches, des fleurs, en sentant sur sa peau l’air chaud ou frais qui passe à travers le feuillage, en écoutant le bruissement des feuilles, un cours d’eau, les oiseaux et en goutant même l’air frais et les délicats arômes des essences d’arbres qui emplissent l’air des forêt. Lorsque tous les sens commencent à s’ouvrir, on démarre la reconnexion à la nature.

Des tests médicaux pour s’en assurer avant et après une promenade

Le Dr Qing Li a effectué, entre 2004 et 2012, des tests scientifiques sur des populations bénévoles grâce à des tests salivaires, de tests d’urine, des prises de sang avant et après un bain de forêt. Les résultats ont montré une baisse de cortisol, l’hormone principale du stress, un système immunitaire renforcé pour les « baigneurs », avec notamment une activation des cellules NK (natural killer), des sentinelles qui sont chargées de détruire les cellules cancéreuses. Il a également constaté une réduction de la pression artérielle, une baisse du taux de glycémie, une amélioration de la concentration et de la mémoire, mais aussi de la santé cardio-vasculaire et métabolique. Les promeneurs en forêt ont également tous rapporté une amélioration de leur qualité de sommeil et une meilleur récupération de la fatigue.

Plus il y a d’arbres et plus ça marche

Pour le médecin chercheur, ce n’est pas magique. Les arbres agissent sur l’organisme par le biais des phytoncides, des molécules qu’ils diffusent dans l’air pour se défendre contre les bactéries et les champignons, et que l’homme absorbe par la peau et les voies respiratoires lorsqu’il se promène en forêt. Cet effet se remarque aussi dans les parcs des villes. Tous les végétaux ont une action positive. Certains sont cependant plus puissants que d’autres. Les cyprès diffusent ainsi la plus grande quantité de phytoncides. Et plus la densité d’arbres est grande, plus les bénéfices sont importants.

Deux heures en forêt : des bénéfices pour une semaine

Il est important d’entrer dans une forêt avec un état d’esprit différent de celui que l’on a en marchant dans la rue, les yeux rivés sur son smartphone. Il est possible d’y aller seul, en couple, en famille, avec des amis ou en promenade accompagnée d’un botaniste. Nul besoin d’enlacer les arbres comme on l’entend parfois. Le seul impératif, c’est d’être présent avec tous ses sens. Deux heures de marche dans un bois ont des effets positifs pour environ une semaine.

A lire pour tout savoir

« Shinrin Yoku, l’art et la science du bain de forêt » par le Docteur Qing Li (First, 320 p., 17,95 €)

 

 

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